lundi 10 décembre 2018

L'HOMME DE DENISOVA


L'ancêtre de Denisova confirme sa différence
Créé le 23-12-2010 à 13h00 - Mis à jour à 18h07     
Le séquençage du génome d'un ancêtre vieux d'environ 40.000 ans, découvert en Sibérie, confirme que cet individu appartient à une famille d'Homo encore inconnue, ni Neandertal ni Sapiens. On ne connait pourtant de lui qu'une molaire et une phalange.
Voilà une phalange et une molaire qui nous obligent à reconsidérer l’histoire de l’évolution humaine, l’histoire des espèces humaines.
Découverts dans la grotte de Denisova en Sibérie en 2008, ces fragments n’appartiennent ni à un Néandertalien ni à un homme moderne, d’après l’analyse de l’ADN mitochondrial extrait de l’os de la main réalisée par l’équipe de Svante Pääbo, de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive de Leipzig (Allemagne). Allant plus loin, ces chercheurs ont séquencé 70% de l’ADN nucléaire de l’individu, autrement dit de son génome, vieux de 30.000 à 50.000 ans. Ils confirment qu’il s’agit bien d’un ancêtre à part.
Pääbo et ses collègues, qui publient un nouvel article aujourd’hui dans la revue
Nature, restent prudents: ils parlent d’un «homininé [un membre du genre Homo] archaïque» appartenant à la population disparue des "Denisoviens" et ne s’avancent pas à nommer une nouvelle espèce.

La molaire retrouvée sur le même site, dont l’ADN mitochondrial est similaire à celui de l’os, est elle aussi différente de la dentition des
Homo neandertalensis comme de celle des Homo sapiens, confirmant la singularité des Denisoviens.
La comparaison du génome de cette ancienne habitante de la Sibérie –car il s’agit d’une femme- avec celui des autres
Homo révèle qu’elle partage un ancêtre commun avec les Néandertaliens. Cependant, contrairement à ces derniers, les Denisoviens n’ont pas laissé de traces de leurs gènes chez les actuels habitants de l’Eurasie. Pour compliquer un peu plus le tableau, l’étude suggère que les seuls héritiers des Denisoviens seraient les Mélanésiens: en effet les anciens sibériens partagent un nombre important de variations génétiques avec les actuels habitants de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Cela impliquerait que les Denisoviens se soient mêlés avec les ancêtres des Mélanésiens. Où ? Quand ?... Ces observations laissent beaucoup de questions en suspens sur les routes empruntées par les anciens
Homo et sur les relations entre les différents groupes. On aimerait disposer d’un squelette plus complet de ce mystérieux Denisovien pour en savoir plus.
Cette découverte incite également à regarder de plus près des crânes d’homininés découverts en Chine –comme le crâne de Dali âgé d’environ 200.000 ans- qui pourraient permettre de mieux comprendre la place des Denisoviens dans cette histoire décidément de plus en plus buissonnante et passionnante.
Cécile Dumas. Sciences et avenir 23/12/10


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